Enfin, la Collection Pinault ouvre ses portes à Paris

Ce 22 mai, la Collection Pinault ouvre ses portes à Paris, dans la Bourse de commerce fraichement rénovée et réaménagée. Enfin, le célèbre homme d’affaires breton François Pinault pourra partager sa collection d’art contemporain avec le public parisien.

« Enfin » semble être en effet le maître-mot de ce 22 mai : enfin l’inauguration que nous attendions depuis plus d’un an, celle-ci ayant été sans cesse repoussée du fait de la pandémie. Mais au-delà de la crise sanitaire, c’est enfin l’ouverture après plus de cinq ans de travail sur le projet de réaménagement de la Bourse de commerce de Paris pour y accueillir la Collection Pinault.

C’est aussi enfin la concrétisation d’un projet initié il y a plus de vingt ans par le collectionneur, qui avait annoncé en 2000 sa volonté de bâtir un lieu d’exposition pour ses œuvres, à l’époque sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt.

Drapeau, décembre 2020 (c) Studio Bouroullec, Courtesy Bourse de Commerce – Pinault Collection, Photo Studio Bouroullec
« J’aurais aimé que tout cela arrive plus tôt. »  
soufflait François Pinault 
à Roxana Azami et Raphaëlle Bacqué pour Le Monde[1]. 

Nul besoin de s’éterniser sur le passé, mais notons que la volonté du collectionneur est ancienne : dès 2000, François Pinault souhaite montrer et partager sa collection d’art contemporain avec le plus grand nombre, en proposant de construire un lieu d’exposition sur l’Ile Seguin, à Boulogne Billancourt, qui abritait jusque-là les usines Renault. Dès les balbutiements de ce projet parisien, un architecte est choisi pour signer l’édifice : le japonais Tadao Ando.

Ce projet ne se concrétisant pas, Pinault décidera finalement d’abandonner Paris pour exposer sa collection en Italie, à Venise. Il s’installe en 2005 dans le Palazzo Grassi, qu’il fait rénover par l’architecte Tadao Ando. Puis il étend sa collection jusqu’à la Pointe de la Douane, où il y remporte la concession du bâtiment des Douanes vénitiennes que l’architecte japonais, à nouveau, transforme en espace d’exposition d’art contemporain.

Un troisième lieu sera confié et réaménagé par l’architecte pour la Collection Pinault : la Bourse de commerce de Paris.

Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, Photo Vladimir Partalo

En effet, c’est la mairie de Paris qui fera finalement un pas vers Pinault. En 2016, la Bourse de commerce, située dans le quartier des Halles, est confiée par un bail emphytéotique à sa Collection. Excellent exemple de complémentarité entre le privé et le public, la collection dispose d’une place de choix dans un monument historique de la capitale, alors que la Mairie de Paris profite d’une effervescence culturelle et surtout de l’entretien de son patrimoine à moindre coût.

La principale particularité de la Bourse de commerce est que le bâtiment est rond. L’édifice est surplombé par une coupole très haute : celle-ci est ornée d’un anneau de peinture décorative datée de la fin du XIXème, puis vitrée sur la partie supérieure. C’est d’ailleurs cette forme singulière, arrondie, qui a été reprise pour l’identité visuelle du lieu. Mais cette importance donnée à la courbe ne vient pas simplement de l’architecture du bâtiment telle que nous le connaissions, mais également de l’aménagement circulaire, sous la coupole, imaginé par Tadao Ando. En effet, l’architecte a pensé à un aménagement concentrique pour les espaces d’exposition : deux galeries circulaires ont été créées. A cette structure en béton, minimaliste, lisse et sans angle, viennent se confronter les peintures IIIème République, retranscrivant une vision coloniale du monde.  

Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, Photo Maxime Tétard, Studio Les Graphiquants, Paris

La surface au centre de la coupole est laissée vide, dévoilant un immense espace, rappelant la hauteur de la nef du Grand Palais, et donc, espérons-le, les Monumenta, si le choix est fait d’exposer de grandes installations. C’est d’ailleurs ce qui se laisse entendre : une œuvre monumentale de l’artiste Urs Ficher, faite de paraffine, se consumerait au centre de l’espace lors de l’exposition inaugurale.

Parlons ainsi de la programmation de ce nouveau haut lieu de l’art contemporain : celle-ci repose sur la collection de François Pinault, exposée temporairement selon un fil conducteur : de façon thématique, par artiste, selon une sélection curatoriale, … Nous pouvons également lire sur le site de l’institution que cette programmation devrait sortir parfois du cadre stricto sensu de l’exposition de la collection, en offrant des cartes blanches, projets spécifiques, ou commandes.

Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, Photo Marc Domage

La programmation de cette exposition inaugurale a été gardée secrète de longs mois, avant d’être dévoilée une semaine avant l’ouverture du lieu. Loin de nous l’envie de vous gâcher le plaisir de découvrir les œuvres qui vous y attendent, mais nous retrouvons dans « Ouverture » des œuvres, parfois inédites et spécialement commandées, de grands noms de l’art contemporain.

Chers lecteurs de moins de 18 à 26 ans, vous pouvez adhérer gratuitement au programme Super Cercle pour bénéficier de l’entrée gratuite à partir de 16h et du tarif réduit de 7€ pour une visite avant 16h, sur réservation pour le moment.

Constant Dauré

David Hammons, Cultural Fusion, 2000, 60 x 40 x 140 cm, © David Hammons
Vue d’exposition « Ouverture », Bourse de Commerce – Pinault Collection, Paris 2021, Courtesy de l’artiste et de Bourse de Commerce – Pinault Collection. Photo Aurélien Mole

En image de couverture : Rotonde – Vue d’exposition, « Ouverture », Urs Fischer, Untitled, 2011 (détail) © Urs Fischer, Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich., Photo : Stefan Altenburger, Bourse de Commerce — Pinault Collection © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier

[1] A la Bourse de commerce, les œuvres d’une vie de François Pinault, Le Monde, par Roxana Azimi et Raphaëlle Bacqué, publié le 14 mai 2021

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