C’est déjà la troisième année que nous nous livrons au plaisir de relever parmi nos découvertes culturelles de l’année, celles qui nous ont le plus marquées et dont le souvenir nous accompagnera encore un moment.
Les juristes parmi nous ferons remarquer qu’un évènement répété trois fois devient une coutume, ce dont nous nous réjouissons : l’aventure ZAO fait son chemin, et nous profitons de cette fin d’année pour remercier nos lectrices et lecteurs, assidus ou de passage, tout en se souhaitant à tous, de beaux projets pour 2022.
2021 a peut-être parfois balbutié mais n’a pas déçu. Enrichie de découvertes, de voyages, d’expériences et de sensations fortes, l’équipe ZAO revient sur ses coups de cœur culturels de l’année.
ARIANE DIB
Paris redécouvert : la réouverture du musée Carnavalet
Ayant grandi à Paris, j’ai redécouvert avec joie le musée dédié à la ville lumière et son histoire, à l’occasion de sa réouverture en mai dernier, après quatre ans de travaux. En effet, a été déployée une restauration des deux hôtels particuliers du Marais accueillant le plus ancien musée de la municipalité – ouvert en 1880 -, ainsi qu’une transformation du musée.
Le parcours chronologique, quoique très dynamique, permet de comprendre l’évolution de la capitale de préhistoire à nos jours au travers d’artefacts, d’œuvres d’art ou de period rooms. La visite est ponctuée de nouveaux dispositifs de médiation, notamment numériques, particulièrement réussis qui approfondissent de manière didactique le contenu scientifique dense.
On se balade entre la salle des enseignes et la reconstitution de la bijouterie Fouquet, décorée par l’immense Alfons Mucha, en profitant d’une muséographie complète mais qui évite l’écueil du trop plein ou de l’étouffant. À parcourir sans modération.
Informations pratiques : Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75003 Paris.


Monstre sacré ou monstre tout court ? : “Picasso, séparer l’homme de l’artiste”
Depuis quelues temps déjà je me suis passionnée pour les podcast, et notamment pour Vénus s’épilait-elle la chatte, dans lequel Julie Beauzac travaille à déconstruire l’histoire de l’art occidentale à l’appui des théories feministes, post-coloniales, queer, antiracistes, … Le titre de l’émission fait référence sans détour à la tradition centenaire de représenter les femmes nues sous le prétexte du mythe, une excuse renforcée par l’apparence imberbe – et donc divine. Si beaucoup d’épisodes m’ont intéressée, l’un d’entre eux m’a particulièrement marqué – et je ne suis pas la seule puisqu’il a remporté trois prix lors du Paris Podcast Festival. Il s’agit de “Picasso, séparer l’homme de l’artiste”, au cours duquel Julie Beauzac et Sophie Chauveau, autrice de Picasso : Le regard du Minotaure, s’intéressent à la figure de l’artiste le plus connu et le plus vendu au monde, mais peut-être l’un des plus problématiques dans son rapports aux autres.
Ce podcast permet de faire face à notre malheureuse manie de placer sur un piédestal “l’Artiste, génie créateur tout puissant”. Cette tradition nous empêche d’expliquer les biais sexiste, raciste ou homophobe d’un artiste voire d’une œuvre, ce qui constitue une manière pertinente d’étudier ces productions mais aussi de comprendre pourquoi elles sont célébrées malgré tout. Il ne s’agit en effet pas de nier l’importance de Picasso pour l’art moderne, mais de prendre du recul sur un récit parfois hagiographique, pour étudier le processus de création dans toute sa complexité et réfléchir à comment faire face à nos propres démons culturels.
La violence, présente sous bien des formes dans le cas présent, est abordée sans faux semblants, même après plusieurs avertissements et autres trigger warnings bien nécessaires. Je suis moi-même restée sans voix pendant un long moment après l’écoute, abasourdie par la dureté d’un sujet que je pensais connaître en tant qu’historienne de l’art.
Cette émission est pour moi à la fois une pépite de démocratisation des savoirs en histoire de l’art et en sciences humaines tout en conservant la nuance et la complexité des sujets, n’en déplaise à ceux qui crieraient à la “cancel culture”.
Réparer les pots cassés : Les Flammes
Aux côtés de la non moins réussie exposition dédiée à Josef et Anni Albers, le Musée d’Art Moderne de Paris offre un véritable bijou muséal : Les Flammes. L’Âge de la céramique. Cette exposition consacrée à la céramique sous toutes ses formes et ses époques est à la fois didactique et vivante. Par une sélection de 350 œuvres d’art et d’objets divers, de Vénus préhistorique à la célèbre Dinner Party de Judy Chicago, en passant tant par de la porcelaine XVIIIe siècle que par des prothèses dentaires.
Sa structure volontairement simple valorise la clarté des explications tant historiques de l’art que sociologiques relatives aux techniques, usages et messages. Le regard porté sur la céramique est pertinent, profond tout en étant accessible et mettant en valeur des œuvres réellement internationales (et non purement occidentales), d’artistes de tout genre, et d’horizons différents.
La scénographie, très moderne, est ponctuée d’un mobilier muséal (socles, bancs, …) lui-même magnifique, réalisé par Cros/Patras, en collaboration avec Natsuko Uchino. Elle sort le discours du white cube traditionnel et fait vivre ces espaces rénovés du musée. Par ailleurs, un programme de collecte placé au sein de l’exposition, présente des céramiques déposées par les visiteurs, et fait écho aux pratiques scientifiques des musées d’art et traditions populaires dans leur approche sociologique et anthropologique des productions matérielles.
Le muséologue autant que le néophyte pourront ainsi s’enflammer pour cette exposition – sans mauvais jeu de mots – jusqu’au 6 février prochain.
Informations pratiques : Les Flammes. L’Âge de la céramique, du 15 octobre 2021 – 6 février 2022, Musée d’art Moderne de la ville de Paris




CONSTANT DAURÉ
La BO de l’année : Vivo
Andrea Laszlo De Simone signe la BO de cette année, du moins, de mon année. Le chanteur italien a sorti le single Vivo au mois de janvier, dont les paroles pourraient résumer parfaitement le mélange de désarroi, de questionnements mais avant tout d’espérance et d’hédonisme avec lequel nous avons abordé 2021.
Si je vous parlais de Sébastien Tellier l’année dernière, c’est par hasard mais grâce à lui que j’ai découvert Andrea Laszlo De Simone, que l’on m’a présenté comme le Tellier italien. Je me suis alors empressé de l’écouter, et si les univers musicaux semblent distincts, la passion, le génie et le romantisme de ces deux artistes les unissent en effet.
« Rare », « intime », « précieux » ou « cosmique » définissent l’artiste italien, dont la musique oscille de l’expérimentation à la variété italienne aux allures vintage. Ses mélodies procurent une soudaine envie d’apprendre l’italien ou de s’aventurer pour le pratiquer. : il faut pour cela écouter « Immensità », magnum opus -pour le moment- du musicien, dont les 4 titres nous bouleversent, comme la vue des étoiles, qui est la pochette de l’E.P., ou de l’horizon sur l’océan, un jour d’hiver.
Les plus chanceux l’auront vu ce mois-ci en concert à Rennes, son premier en France, exceptionnel puisque le chanteur souhaiterait davantage se consacrer au studio et à sa vie de famille plutôt qu’à la scène. Pour se consoler en attendant de nouvelles dates, nous avons la captation depuis la Triennale de Milano de Vivo justement, dont on ne se lassera pas en 2022.

Martin Margiela se dévoile à Lafayette Anticipations
2021 restera l’année du retour de Martin Margiela, ou plutôt de sa révélation.
Les expositions dédiées à Margiela ont été nombreuses. On se souvient notamment de la rétrospective du Palais Galliera en 2018, sous la propre direction artistique du créateur. Mais cette exposition à Lafayette Anticipations est exceptionnelle : c’est en tant qu’artiste que Martin Margiela se présente. Et cela, pour la première fois.
Martin Margiela est en effet connu pour ses créations de mode : il a fondé sa propre maison éponyme en 1988 par laquelle il a révolutionné le milieu de la mode pendant 20 ans. Il a également côtoyé les grandes maisons de Luxe, en dirigeant les collections de prêt-à-porter Femme de la Maison Hermès de 1997 à 2003.
Par cette exposition, Martin Margiela semble dévoiler son vrai visage, ou plutôt, comme le relève Lafayette Anticipation « Martin Margiela, légendaire créateur de mode, a toujours été un artiste ». L’excitation était grande pour chaque admirateur du créateur : quelle forme prendra son travail artistique ?
A l’instar du créateur, l’exposition est surprenante, mystérieuse, accomplie et esthétique. Martin Margiela twiste l’espace d’exposition de Lafayette Anticipations à l’aide de stores californiens, très années 70, rappelant une certaine esthétique de la modernité et de bureaux aujourd’hui défraîchis. Il crée grâce à cela un parcours d’exposition labyrinthique, où des surprises attendent le spectateur tout au long de la visite.
Cette exposition est passionnante puisqu’on peut déceler dans ces œuvres l’essence même de ce qui habite Martin Margiela : des thèmes, idées, obsessions ou modus opérandi qui prenaient forme par des collections se retrouvent dans l’espace d’exposition, après être passés par les mains de l’artiste.
Je pense ici au thème du corps, récurrent, de son image, de la manière dont il est transformé, modifié. En témoignent l’affiche de l’exposition, où Margiela choisit un déodorant, ses statues d’ongles rouges ou ses memento mori de cheveux blancs. Nous pouvons relever également le collectif, puisque le créateur a toujours fait un pas en arrière pour laisser place à son équipe. Pendant l’exposition, un ensemble de médiateurs mettait en mouvement les œuvres de l’artiste par des gestes répétitifs : cacher/ dévoiler ses sculptures à l’aide d’un tissu blanc, déplacer/ afficher ses collages sur des couvertures de magazines, éteindre/ allumer un spot d’exposition illuminant un pastel à l’huile sur velours.
La mode de Margiela a toujours été qualifiée de conceptuelle. Tout au long de l’exposition, des cartels sont disposés, mais sans œuvre présentée à leurs côtés, seulement une trace au mur, comme une ombre, un fantôme de création. Chacun est libre, à partir de l’explication, d’imaginer ce que serait cette œuvre. Rappelant à juste titre que l’art est avant tout une cosa mentale, Margiela semble tout de même faire un pied-de-nez, puisque l’exposition se termine sur de grands éclats rires, remettant ces œuvres en perspective. Margiela aurait-il été trop pris au sérieux? Sans doute une énième démonstration que l’humour belge n’a pas de limite.
Informations pratiques : Lafayettes Anticipations, du 20 octobre 2021 au 2 janvier 2022



MATHILDE PRÉVOTAT
Prendre de la hauteur avec Le Sommet des dieux
Ce film d’animation franco-luxembourgeois tiré d’un manga de Jirô Taniguchi est un concentré de grâce.
Un homme enquête sur l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’alpinisme : Mallory, alpiniste britannique ayant tenté de gravir l’Everest en 1824 est-il parvenu à atteindre son sommet ? La clef du mystère pourrait bien se trouver dans l’appareil photo qu’avait emporté Mallory lors de sa conquête de l’Everest et qui n’a jamais été retrouvé.
Un photographe japonais croit le reconnaître entre les mains d’Habu Jôji, un alpiniste que l’on croyait lui aussi disparu depuis quelques années. S’ouvre alors une enquête palpitante, ponctuée de flashback sur la vie d’Habu et sur sa soif de conquête des sommets enneigés.
Outre l’intrigue qui tient en haleine du début jusqu’à la fin, les dessins et la bande originale signée Amine Bouhafa sont absolument superbes. Un magnifique film sur le dépassement de soi qui permet de répondre à la question suivante : pourquoi risquer sa vie pour gravir l’Everest ?

Baselitz à Pompidou
« C’est particulier … » la phrase de la rétrospective Baselitz ! Entendue plusieurs fois dans la bouche de deux dames âgées visant l’exposition. Pas étonnant, lorsqu’on sait que les premières expositions de l’artiste allemand ont fait scandale dans son pays natal…Et en effet, les toiles exposées peuvent interroger voire choquer le spectateur. De grand format, elles sont parfois sanguinolentes, souvent violentes.
Avec cette rétrospective, le Centre Pompidou présente 60 années de création de l’un des artistes contemporains les plus cotés sur le marché. Un parcours chronologique nous permet d’explorer les différents cycles du célèbre artiste allemand et met en lumière ses inspirations. De l’art brut en passant par le maniérisme, Baselitz puise dans ses influences et déforme les corps, les renverse avec une palette chromatique évoquant l’expressionnisme.
L’exposition le dévoile, Baselitz est hanté par les souvenirs de la guerre. L’artiste ne cesse de l’évoquer tout au long de son œuvre : blessés, morceaux de corps mutilés, gestes évoquant le salut nazi, corps éclaboussés de sang. Les œuvres de Baselitz secouent le spectateur et ne peuvent le laisser indifférent.
À côté des peintures, des gravures et des sculptures de l’artiste jonchent l’exposition qui se termine en beauté avec l’une des sculptures en bronze massif réalisées à partir de structures de bois tronçonnées. Sa jumelle vous attend devant les Beaux Arts de Paris. Elle y est exposée pour toute la durée de l’exposition.
Informations pratiques : Centre George Pompidou, du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022

JOSÉPHINE DE GOUVILLE
Nona et ses Filles : Valérie Donzelli signe sa première série
« Je m’appelle Elisabeth Perrier, mais tout le monde dit Nona. Je suis féministe […] Aujourd’hui j’ai 70 ans, je suis de nouveau enceinte, et c’est vraiment une catastrophe ! »
Avec Nona et ses Filles, Valérie Donzelli signe sa première série. A travers neuf épisodes d’une trentaine de minutes, on plonge dans une fiction délicieuse, qui passe son temps à jouer avec les limites du réel. Une femme de 70 ans qui s’apprête à donner la vie ? On y croit, et ce dès le premier épisode !
Le spectateur est alors embarqué dans une histoire qui emprunte à tous les genres. Théâtre, récit initiatique, et parfois même conte fantastique, cette série questionne, autant qu’elle célèbre, la maternité.
Lorsque les trois filles de Nona ; Manu, Gabi et Georges (respectivement incarnées par Virginie Ledoyen, Clotilde Hesme, et Valérie Donzelli), 44 ans, apprennent la grossesse de leur mère de 70 ans, la décision est immédiate : retour dans l’appartement familial de la rue Poulet à Paris, au cœur de la Goutte d’Or ! Les filles retrouvent leur chambre, leurs souvenirs, pour épauler leur mère qui vit un bouleversement dans son corps et dans son esprit.
On assiste alors à un huis clos aussi poétique que fantasque. L’appartement aux accents 60’s devient le décor d’une multitude de remises en question, provoquées par cette grossesse impromptue. Chacun des personnages s’engage dans une transformation intérieure dont on est le témoin.
Le récit est rythmé par la douce voix de Miou Miou, qui narre à merveille cette histoire dont elle est le héros. On rit, mais on pleure aussi. Moment de grâce ultime au 7ème épisode… Emotion garantie avec la puissante tirade féministe de Nona.
RDV sur Arte sans plus attendre !
Le petit plus ? La musique de Joan Baez qui nous berce du début à la fin, avec son célèbre tube « Donna, Donna… »
Disponible sur : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021464/nona-et-ses-filles/


Âme russe à Paris : la Collection Morozov à la Fondation Vuitton
Vous vous souvenez sûrement de la Collection Chtchoukine exposée à Paris à l’automne 2016… La Saga des collectionneurs russes continue ! C’est désormais la Collection des Frères Morozov qui occupe les galeries de la Fondation Vuitton.
Jusqu’au 22 février, on peut admirer le 2nd volet du diptyque Icônes de l’Art Moderne. Car oui, les deux expositions ont été pensées ainsi: un diptyque, des œuvres qui se répondent, un témoignage commun de l’art de collectionner au début du XXe siècle et des échanges artistiques entre la France et la Russie.
Dès les premières salles, le visiteur est invité chez Mikhaïl et Ivan Morozov, contemporains de Sergueï Chtchoukine. Près de 200 œuvres sont rassemblées, une première pour la collection qui n’avait encore jamais quitté la Russie.
Ils ont voyagé à Paris les frères Morozov… Monet, Renoir, Denis, Van Gogh, Gauguin, Cézanne, Picasso, Matisse… Grâce aux Salons, et au gré de leurs rencontres avec les marchands d’art, notamment Ambroise Vollard dont la figure est particulièrement célébrée, ils ont contribué à la reconnaissance internationale de ces artistes. Je suis toujours émerveillée de découvrir les liens entre les différentes figures de l’Histoire de l’Art à cette époque.
Parmi mes coups de cœur, le Triptyque marocain de Matisse. La vue de la fenêtre, Zorah sur la terrasse, et La porte de la casbah nous plongent dans un exotisme particulièrement désiré en 2021. J’aime ces vues de la fenêtre, si chères à Matisse, qui nous invitent à l’évasion. On peut s’amuser à voir un clin d’œil entre l’aquarium aux pieds de Zorah et les célèbres Poissons rouges de 1911, qui étaient exposés lors de l’exposition Chtchoukine.
A la fin de la visite, ne vous laissez pas décourager par les quelques minutes d’attente pour pénétrer dans la salle consacrée à La Ronde des prisonniers : une expérience quasi spirituelle vous y attend. Un rayon de lumière est projeté sur la toile et révèle la beauté et la puissance de ses couleurs. Avec cette œuvre de 1890, on rencontre Vincent Van Gogh alors qu’il est interné à l’asile psychiatrique de St Rémy. Loin de ses œuvres les plus célèbres, on nous offre ici un fragment de l’élan créateur du peintre, au crépuscule de sa vie.
Informations pratiques : Fondation Louis Vuitton, du 22 septembre 2021 au 22 février 2022

CAMILLE CHU
Paris brûle-t-il ? Huang Yong Ping et Shen Yuan à la galerie kamel mennour
En 2019, le monde de l’art contemporain français et asiatique fut ébranlé par la mort de Huang Yong Ping, artiste français d’origine chinoise et fondateur du mouvement « Xiamen Dada » dans les années 1980.
C’est un bel hommage que lui rend la galerie kamel mennour avec l’exposition « Huang Yong Ping, Shen Yuan, Is Paris Burning? 2019 », ouverte le 9 décembre et clôturant l’année 2021 avec brio. Elle tisse et retisse le dialogue qui ne s’est jamais vraiment rompu entre l’artiste décédé et sa compagne, Shen Yuan. La poursuite d’un échange créatif pour une ultime exposition en duo à Paris, leur ville d’adoption depuis plus de trente ans.
La question de la référence résonne au fil de l’exposition ; échos aux deux cultures – française et chinoise – dans lesquelles le couple d’artistes puise leurs inspirations, clins d’oeil à d’autres artistes comme Marcel Duchamp, hommage naturel aux projets de Huang Yong Ping qui ont marqué son oeuvre.
Enfin, référence au livre Paris brûle-t-il? de Dominique Lapierre et Larry Collis. Car si Paris est la ville de l’amour, c’est également le berceau de la révolution. Et cette idée de révolution, nous la retrouvons dans les œuvres l’exposition, par exemple dans l’évocation de parapluies au sein d’une installation de Shen Yuan, en écho à la révolution des parapluies de Hong Kong en 2014.
Paris est-il réellement en train de partir en flammes ? La pièce monumentale de la reconstitution de la flèche de Notre-Dame, trônant au milieu de l’espace de la galerie, nous interroge.
Informations pratiques : galerie kamel mennour, du 9 décembre 2021 au 29 janvier 2022


L’explosion des NFT dans l’art
Vous pensiez échapper à un flashback culturel de l’année 2021 sans parler de la montée des NFT dans l’art ? Opérons un petit retour sur cette actualité mêlant les toutes dernières tendances technologiques et les créations artistiques à la pointe de l’innovation.
Un NFT, un non-fungible token, est un jeton numérique basé sur la technologie de la blockchain. Sa particularité ? Il est non-fongible et donc, non-interchangeable, contrairement aux crypto-monnaies (Bitcoin, Ethereum…). Son application dans le secteur de l’art est donc très intéressante ; le NFT permet notamment d’attester une forme d’authenticité et de rareté.
Son arrivée dans l’art n’est pas une nouveauté. Les digital et crypto-artists s’étaient déjà intéressés depuis quelques années aux NFT pour créer et innover. L’idée étant d’associer une œuvre d’art (une image, un gif, une vidéo ou toute autre forme) à un jeton pour le rendre unique et infalsifiable.
Mais le point de départ de l’explosion des NFT dans le monde de l’art est récent et date de cette année. Avec la fameuse vente de Beeple en mars 2021, une seule œuvre numérique Everydays: the First 5 000 Days, une vente organisée par le géant Christie’s et un marketing surfant sur la tendance des NFT ont suffit pour atteindre un record absolu sur le marché de l’art.
L’association de l’art et les NFT ne s’arrête pas à une seule et unique vente d’art crypto qui a fait le buzz. C’est tout un écosystème culturel qui a été chamboulé. Depuis, une multitude d’idées et de projets se sont développés, notamment dans le monde des galeries. De l’ouverture à une galerie entièrement dédiée à l’art NFT à New York à la multiplication des départements digitaux dédiés à la question dans les plus grandes galeries (PACE, Almine Rech, Perrotin…), les idées et projets foisonnent.
Le secteur muséal s’est également intéressé à la question ; la Galerie des Offices à Florence a vendu le Tondo Doni de Michel-Ange version NFT pour 140 000 euros, le British Museum s’est mis à vendre des NFT « cartes postales » d’estampes d’Hokusai à l’occasion d’une exposition dédiée, tout comme le musée de l’Ermitage a récolté plus de 440 000 dollars via une vente aux enchères d’oeuvres en NFT. Enfin, c’est tout un espace permanent dédié aux NFT qui ouvrira ses portes en janvier 2022, le Seattle NFT Museum (SNFTM), pour devenir le premier musée physique de la sorte.
D’autres initiatives seront donc attendues dans le domaine en 2022. Et avec la popularisation du « métaverse », ce monde virtuel fictif ou le futur d’Internet, les frontières des galeries, des musées et de l’art ne cesseront de s’élargir, vers le digital et l’au-delà.

L’équipe de Zao vous remercie pour votre lecture et pour votre soutien au cours de l’année 2021 et vous souhaite une nouvelle année pleine de richesse et de culture ! Nous nous retrouvons en 2022 !